Le SNOF (Syndicat national des ophtalmologiste de France) dévoile les résultats d’une enquête dédiée à l’impact de la crise sanitaire du Covid-19 et réalisée auprès de 1 500 ophtalmologistes en France.
60% des cabinets sont ouverts pour recevoir les cas qui le nécessitent, mais les patients sont rares. Thierry Bour, président du SNOF, déclare : « Nous nous inquiétons de la baisse majeure du nombre de consultations en médecine spécialisée, qui fait craindre de lourdes conséquences sur la santé visuelle des Français si la situation se prolonge. Nos cabinets ont pourtant pris toutes les précautions nécessaires pour assurer la santé des patients : il est important de continuer à se faire soigner, et à assurer le suivi de certaines pathologies, sans perte de chances pour les patients ».
Une nette baisse d'activité
Depuis le passage au stade 3, 82% des ophtalmologistes ont une activité en baisse d’au moins 95% par rapport à leur activité habituelle. Seulement 6% des ophtalmologistes ont une activité supérieure à 15% de celle de la période pré-confinement. Cela impacte directement les horaires d’ouverture : si l’amplitude horaire est variable d’un cabinet à l’autre, elle est inférieure à 10H par semaine pour plus de 3 cabinets sur 4 (78%). Dans la plupart des cas (53,5%), le cabinet est ouvert en présence d’une secrétaire. Près de 46% des ophtalmologistes déclarent quant à eux consulter seul pendant cette période, et 15,5% font encore appel à une aide.
Les conséquences économiques
Plus de 9 ophtalmologistes sur 10 privilégient le recours au chômage partiel pour le personnel du cabinet, 37% connaissent des cas d’arrêts maladie dans le cadre de la garde d’enfants, et, dans l’urgence, 18% utilisent des congés payés anticipés pour faire face à cette baisse d’activité. Plus rarement, certains optent également pour le télétravail pour continuer à assurer les tâches de secrétariat.
Quelle protection dans les cabinets?
Conformément aux recommandations du Conseil National Professionnel d’Ophtalmologie, la quasi-totalité des ophtalmologistes protège son personnel, et a intégré efficacement les gestes barrière. 99% des collaborateurs des cabinets ouverts portent des masques, et 22% se sont équipés d’hygiaphone (ou équivalent). D’autres protections telles que les gants, blouse-surblouse, charlotte-calot, solution hydroalcoolique, sur-lunettes, ou encore plaque de plexiglass, sont également utilisées.
Néanmoins, l’obtention de masques de protection a été difficile pour les ophtalmologistes, qu’il s’agisse de masques chirurgicaux (56,5%), ou des masques FFP2 (74% n’ont pas pu en avoir et 19% difficilement). A noter que 12% des ophtalmologistes déclarent n’avoir pu recevoir de masques chirurgicaux. Le soluté hydroalcoolique (SHA) a aussi posé problème : 25% des cabinets n’ayant pu s’en procurer et 57% déclarant y avoir eu accès « difficilement ». Malgré ces difficultés, les mesures barrières entre chaque patient sont appliquées par la quasi-totalité (97%) des cabinets.
De rares patients
La grande majorité des rendez-vous a été annulée, soit par l’ophtalmologiste, soit par le patient : cela concerne 95% à 100% des rendez-vous pour les ¾ des ophtalmologistes. 75% des ophtalmologistes assurent physiquement la prise en charge des demandes urgentes, et les deux tiers maintiennent des soins aux patients nécessitant un suivi ne pouvant être reporté, comme les suivis post-opératoires et les pathologies à risque évolutif rapide. Toutefois, seulement 6% déclarent assurer encore des suivis périodiques ou de nouvelles demandes non urgentes.
« Il n’est pas toujours possible de juger a priori si une demande est urgente ou pas, il faut donc juger au cas par cas, mais nous préconisons de reporter les demandes que l’on juge sans risque de 3 mois environ. Toutefois, des soins sont toujours nécessaires en urgence, et certains suivis indispensables à maintenir. », commente Thierry Bour.
Pour assurer ces soins essentiels, 80% des ophtalmologistes maintiennent l’accueil des urgences. Si plus de 70% d’entre eux traitent ces patients dans leur cabinet, 13% mutualisent les accueils entre plusieurs cabinets et 17% les transfèrent à l’hôpital. En établissement de santé, les interventions urgentes en bloc opératoire ont pu être conservées, même si 80% des ophtalmologistes ont dû arrêter toute activité chirurgicale.