90% des ophtalmologistes opposés à l’ouverture de la primo-prescription aux orthoptistes

Le 22 Octobre 2021
Soumis au vote de l’Assemblée nationale et du Sénat depuis le 20 octobre, le PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité Sociale) 2022 prévoit d’élargir les compétences des orthoptistes de niveau licence en leur ouvrant le droit à la prescription initiale des lunettes et des lentilles de contact, en accès direct et sans supervision médicale. Une mesure jugée « absurde, dangereuse et inutile » par plus de 90% des ophtalmologistes selon une étude menée par le SNOF auprès d’un panel de 1 986 répondants. Afin de protester contre cette mesure, plusieurs instances représentatives des ophtalmologistes (Snof, ANJO) ont décidé de se mobiliser devant le ministère de la Santé ce vendredi de 11h à 15h et appellent à une grève lors de l’examen du texte en 1ère lecture à l’Assemblée Nationale. Les sociétés savantes et des associations de patients (SFO, SFOALC, AFG, FFM-SR) mettent également en garde "contre les risques de cette réforme ouvrant la prise en charge des patients en autonomie à des auxiliaires de santé formés seulement en trois ans contre 12 ans pour un ophtalmologiste".

"Une dégradation du parcours de soins en ophtalmologie"

94 % des ophtalmologistes considèrent que les orthoptistes ne peuvent assumer la primo-prescription avec leur formation actuelle. Ils estiment que la prescription et le dépistage des maladies oculaires requièrent un niveau de formation médicale que n’ont pas les orthoptistes (niveau Bac +3). Ils rappellent également que 36% des patients venus pour un contrôle de la vue se voient diagnostiquer une autre pathologie. Pour 95 % des ophtalmologistes répondants, ce transfert de compétences fait peser une menace sérieuse sur la qualité de la prise en charge des soins oculaires. Elle représenterait même une démédicalisation du parcours de soins pour 89 % d’entre eux, tandis qu’ils sont 93 % à prévoir une hausse des retards de diagnostics et une augmentation de la gravité des pathologies ophtalmologiques avec à la clé une perte de chance pour les patients. 2% pensent qu’il n’y aura pas de conséquences négatives pour les patients. Le Dr Thierry Bour, Président du SNOF commente : « Le travail pionnier et les avancées que nous avons réalisées sont aujourd’hui mis à mal par cet article 40. La collaboration entre ophtalmologistes et orthoptistes a été utilisée jusqu’alors de manière complémentaire pour consolider l’offre de soins et garder une prise en charge médicale. En plus de conséquences délétères sur la prise en charge des patients, l’article 40 détruirait tout ce travail collaboratif installé entre les professionnels de santé, en instaurant un climat de méfiance au sein de la filière.  Notre étude montre que le sujet préoccupe les ophtalmologistes : ils sont près de 7 sur 10 à affirmer qu’ils verront leur confiance envers les orthoptistes se dégrader si l’article était voté. Une situation alarmante à la fois pour les patients et l’avenir de la filière ! Cela risque d’aboutir à un effet inverse de celui recherché. Une telle remise en cause nécessite un large débat, la santé visuelle future des Français est en jeu. On ne change pas ainsi une organisation qui a fait la preuve de son efficacité contre l’avis de 95% du corps médical !»