L'étude a été menée en septembre 2025 auprès de plus de 3000 porteurs de lunettes.
Un achat avant tout motivé par la santé
Les Français renouvellent leurs lunettes principalement pour des raisons médicales : 92 % des porteurs déclarent changer d’équipement en raison d’un besoin visuel constaté, reléguant loin derrière les motivations esthétiques, promotionnelles ou économiques. Moins d’un quart des répondants citent ces facteurs comme déterminants. En ce qui concerne les publicités faites par les opticiens, elles ne semblent pas pousser à la surconsommation. Les trois quarts des Français estiment que cela ne les pousse pas à renouveler leur lunettes plus souvent que nécessaire ou à aller plus rapidement que prévu chez l'opticien. La publicité serait, à l'inverse, utile pour informer sur l'importance d'un bon suivi de la santé visuelle (66%) ou rappeler de faire vérifier sa vue (62%).
Par ailleurs, si 42% des sondés déjà porteurs déclarent racheter une nouvelle paire tous les 2 ou 3 ans, 26% ne la renouvellent que tous les 4 ans ou plus.
Les Français s’équipent avant tout parce qu’ils en ont besoin. L’optique n’est pas un marché d’impulsion, mais un marché de santé, structuré par les besoins réels de la population. Les opticiens jouent un rôle décisif pour garantir un accès de proximité à des équipements qui conditionnent la qualité de vie
Souligne Jean-François Porte, président du Rof.
Les opticiens, premier relais de confiance
La confiance envers les opticiens se confirme également comme un élément clé du parcours de soins : plus de 8 Français sur 10 déclarent faire confiance à leur opticien pour tester leur vue, notamment lorsqu’il s’agit d’acheter une nouvelle paire de lunettes.
Avec plus de 16 000 points de vente et 45 000 professionnels répartis sur tout le territoire, les opticiens constituent un maillon essentiel du système de santé visuelle. D'autant plus que le vieillissement de la population et l’augmentation de la myopie liée aux usages numériques contribuent à accroître les besoins d’accompagnement et d’équipement.
Un marché structuré par la prescription médicale
L’étude montre que l’accès aux équipements optiques repose largement sur la prescription :
- 87 % des achats ont lieu après un examen visuel attestant d’une évolution de la vue ;
- Dans 9 cas sur 10, cet examen est réalisé par un ophtalmologiste.
En ce qui concerne le reste à charge, l’étude met en évidence qu’ils relèvent essentiellement de choix personnels et non d’un défaut de prise en charge ou de prix trop élevés. Ainsi, pour 73%, il est lié au choix d'une monture particulière (à leur goût/ répondant à leurs attentes) et pour 59%, à celui de verres bénéficiant de traitements supplémentaires.
20% des sondés n'ont pas eu de reste à charge, tandis que 40% ont un RAC supérieur à 100 euros.

Des enseignements utiles pour les débats actuels
Alors que plusieurs propositions politiques remettent en question l’organisation actuelle du financement de l’optique, les résultats de l’étude apportent un éclairage solide.
- La croissance du marché de l'optique est structurelle et n'est pas liée à une augmentation démesurée des prix. Ainsi, entre 2018 et 2024, les tarifs de l’optique n’ont augmenté que de 5,7 %, contre 15,4 % d’inflation générale sur la même période. La croissance s’explique surtout par l’augmentation du nombre de porteurs '+7%), liée au vieillissement de la population et à l'épidémie de myopie, et la sophistication des équipements. Ce sont bien les besoins en santé visuelle qui explique les chiffres du marché.
- L'optique médicale n'est pas un marché de consommation mais de prescription. Les achats sont motivés par des besoins visuels et peu influencés par la publicité ou la mode.
- Le parcours de soin actuel est solide, mais perfectible. Le fait d'augmenter encore les délais de renouvellement des lunettes serait une erreur. Cela espacerait les dépistages et pourrait avoir de grave conséquence sur la santé visuelle des Français. De plus, dans les territoires sous-dotés ou pour les populations dépendantes, comme les résidents d’Ehpad, un rôle renforcé des opticiens, en coordination avec les ophtalmologistes, pourrait améliorer prévention et continuité des soins.
- L'équilibre actuel de prise en charge doit être préservé. Toute évolution majeure pourrait affecter l’accès aux équipements, notamment pour les publics fragiles, et fragiliser certains points de vente, en particulier les plus petits.
Notre responsabilité est de continuer à renforcer la prévention et d’œuvrer, avec l’ensemble de la filière, pour améliorer concrètement l’accès des Français à un suivi visuel de qualité.
conclut Jean-François Porte.