Pas de règle intangible pour les sources d’inspiration
Quoi qu’il en soit, l’un et l’autre confirment des sources d’inspiration multiples. C’est dans les magazines et les revues de décoration, mais surtout pas dans l’optique, que le premier va chercher des idées nouvelles. « Je regarde comment ces magasins sont aménagés lorsque je tombe dessus au travers des pages d’un magazine, mais je vais plutôt chercher l’inspiration dans des agencements d’appartements, de restaurants… », explique-t-il. Et de là naissent des idées pour imaginer un coin enfant, un espace d’attente, pour mettre plus en évidence un présentoir… Joris Bloyet, de son côté, met à profit une longue expérience dans des univers très éloignés de l’optique. « Le naval et le luxe, préciset-il en souriant. Le fait de travailler dans d’autres univers nous donne des idées. Par exemple sur les matériaux. » Il est également très attentif aux idées des grands influenceurs, dont il découvre le travail dans des salons professionnels. « Les designers créent la dynamique et nous essayons d’adapter leur démarche dans notre offre, en travaillant avec des matériaux dont le coût correspond aux investissements que les opticiens peuvent engager », poursuit-il. Un travail qu’il ne fait pas seul. ses équipes commerciales, présentes sur le terrain toute l’année, remontent également des idées et ils croisent ensuite les tendances, pour identifier les plus adaptées à l’optique et pour créer de nouveaux mobiliers, de nouveaux design…
A chaque opticien sa démarche
Si les créatifs proposent, ce sont cependant les opticiens qui décident. mais là encore, les agenceurs rencontrent plusieurs cas de figure. Certains professionnels affichent des goûts très sûrs et attendent plus un accompagnement technique que des idées. C’est notamment le cas des opticiens qui sont installés depuis longtemps et qui engagent un travail de rénovation lourd. « Ils ont généralement une très bonne connaissance de leur clientèle et de leur répartition de chiffre d’affaires. Leurs idées sont précises et s’appuient sur du vécu. Dans ces cas-là, nous apportons uniquement un appui sur les éléments d’agencement qu’ils ne maitrisent pas totalement », raconte le dirigeant de JBCC. « Certains sont parfois très dirigistes », confirme Jérémie Boisset. Lorsque c’est le cas, ce dernier s’attache à comprendre ce que souhaite son client et s’efforce ensuite de retranscrire cette volonté dans sa démarche créative. « et lorsqu’ils imaginent quelque chose qui n’est vraiment pas possible à réaliser, je ne le cache jamais », ajoute-t-il. Quitte à ne pas traiter le dossier. en revanche, beaucoup d’opticiens se contentent de donner les grandes lignes de ce qu’ils attendent et laissent ensuite carte blanche à l’agenceur. « C’est presque plus compliqué, parce que nous ne savons pas forcément où aller, sourit Jérémie Boisset. Il y a tellement de possibilités. » Généralement, dans ces cas-là, le fondateur d’Optic Design demande quelques images évoquant ce qui séduit le client. Des idées qui peuvent aussi bien provenir de magasins de prêt-à-porter que de tout autre commerce et qu’il s’efforce de mettre en scène dans l’univers de l’optique.
Trouver l’adéquation entre l’offre produit et sa présentation
Si chaque opticien est différent et si l’agenceur doit adapter sa démarche aux souhaits de son client, l’agencement d’un magasin doit cependant répondre à des principes d’efficience qui vont au-delà de la seule dimension esthétique. « L’opticien définit sa problématique, pose les jalons et donne sa sensibilité ; ensuite c’est à nous de trouver, dans notre offre d’agencement, le cadre qui va correspondre à sa démarche et à son offre », explique Joris Bloyet. Un opticien plutôt porté vers une offre de créateurs, choisira des meubles très qualitatifs, reprenant quasiment les codes du luxe. « Le mobilier est alors là pour sublimer les lunettes, alors que dans un magasin plus classique il est là pour supporter la lunette », analyse le dirigeant de JBCC. Quel que soit le positionnement de l’opticien, Jérémie Boisset estime quant à lui que la mise en valeur des lunettes se doit d’être différente de celle d’autres produits. « Là où une activité comme la pharmacie nécessite de placer le plus de produits possibles au centimètres carrés, l’optique impose de respecter des espaces de séparation, afin que chaque produit se détache. On se rapproche plus de l’agencement d’une bijouterie ou d’un magasin de vêtement », juge-t-il.