Combien de lunettes par porteur ?
Cette question anodine est néanmoins majeure pour toute la filière optique. En effet, si l’assurance sociale considère qu’une paire de lunettes correctrices est suffisante pour deux ans, et que le verre progressif répond à tous les besoins des presbytes, que les dernières générations de verres photochromiques sont très performantes, il faut reconnaître qu’il y a un décalage entre les 100 % de besoins visuels du quotidien et le 100 % santé, même agrémenté d’un reste à charge.
À l’instar des chaussures, les lunettes ne sont pas aussi universelles et uniques que cela. Les activités sur écrans et le sport nécessitent des équipements spécifiques tant pour la monture que pour les verres. De même, on ne se protège pas des rayons solaires avec des verres blancs ou bien des lentilles de contact…
Il faut constater que le nombre de points de vente de lunettes, hors magasins d’optique, n’a jamais été aussi élevé. Internet, mais aussi les grandes surfaces, les officines de pharmacie, les magasins de mode, les grandes surfaces généralistes et spécialisées (Sport), les boutiques de luxe, les vendeurs de marché, de plage…. Ce marché hors magasins d’optique échappe d’autant plus aux opticiens qui en sont les titulaires officiels que les produits et les services proposés sont différents…
Paradoxalement, la performance et la pertinence de ces lunettes hors réseau optique sont aussi faibles que les prix pratiqués. Alors que certains fabricants revendiquent des réfractions et des verres au 1/100 de dioptrie, nous voyons des personnes acheter des lunettes de lecture sans la moindre idée de la puissance nécessaire, ou bien ignorantes des performances de filtration des UV des lunettes de soleil qu’eux-mêmes ou bien leurs enfants porteront.
Il faut relier l’offre de produits aux besoins véritables des porteurs, et non pas au seul cadre restrictif du produit remboursé.
Il y a donc une opportunité pour les opticiens, mais cela passe par une autre approche que le seul deuxième équipement offert… Il faut relier l’offre de produits aux besoins véritables des porteurs, et non pas au seul cadre restrictif du produit remboursé. Les loisirs, les modes de travail, le nombres de résidences, les bureaux, le télétravail nomade… réclament plus de lunettes, plus de verres adaptés que jamais, et le savoir-faire pour les adapter aux besoins de chacun.
Au moment où notre filière se penche sur son avenir avec la sortie d’un livre blanc consensuel, il est plus que jamais question de revenir aux fondamentaux de la profession : donner aux Françaises et aux Français la meilleure vision et protection possible avec tous les produits disponibles. La multi possession oui, mais répondant aux vrais besoins des utilisateurs et proposée (pas offerte) par des professionnels de la vision.
Notons que cette démarche d’ouverture passe par :
- un échange / questionnement introspectif entre l’opticien et le porteur ;
- une formation des équipes pour ne pas laisser passer des opportunités de vente ;
- une disponibilité de produits adaptés et variés et facilement accessibles depuis la table de vente.
Répondre aux besoins n’est pas toujours synonyme de répondre aux attentes…