Bernard Maitenaz s’est éteint à Paris, à l’âge de 94 ans. Par son travail pionnier, il a révolutionné le secteur de l’optique et transformé la vie des consommateurs. Plus de 700 millions de verres Varilux ont été vendus depuis 1959.
Ingénieur des Arts et Métiers (1946) et diplômé de l’Ecole Supérieur d’Optique (1947), Bernard Maitenaz est doté d’une double formation mécanique-optique. Au cours de ses études, il avait constaté que les surfaces complexes, utilisées depuis longtemps en mécanique, ne l’étaient pas en optique. En 1948, il débute sa carrière à la Société des Lunetiers (Essel). Il poursuit son travail son projet de verre progressif en conceptualisant la surface, trouvant un nouveau moyen de calcul, puis en imaginant des machines à ébaucher, doucir et polir pour réaliser les verres. Un premier brevet du Varilux est déposé en 1953. Bernard Maitenaz poursuit ses recherches et, en 1957, met au point une nouvelle technique de mise en forme : « la méthode point par point ». Puis, en 1959, après de nombreux tests, le 1er verre Varilux est commercialisé. Après la fusion de la Essel avec Silor, il devient Directeur industriel du groupe Essilor en 1972, Directeur Général en 1979 et Président Directeur Général de 1981 à 1991. Après son départ à la retraite, il a poursuivi son engagement auprès d’Essilor en tant que Président d'honneur du Conseil et membre fondateur de l’association des salariés actionnaires, Valoptec. Il a également siégé dans plusieurs conseils d’administration, notamment au sein de l’Ecole Supérieure d’Optique pendant plus de 10 ans, et au sein de l’Ecole National Supérieure des Arts et Métiers de 1990 à 1994. Il a été Administrateur du Centre National de la Recherche Scientifique (C.N.R.S) de 1992 à 2003 ainsi que membre du conseil pour les Applications de l'Académie des Sciences (CADAS). Ses contributions dans le secteur de l'optométrie ont été maintes fois récompensées, notamment par un doctorat honorifique de Sciences oculaires décerné par le New England College of Optometry de Boston en 1988 et un doctorat Honoris Causa de l'Ecole d'Optométrie de l'Université de Montréal en 1993. En 2014, il a reçu le prix Apollo, la plus prestigieuse distinction à être décernée au public par l'American Association of Optometrists. Ce prix honore les individus ou organisations pour leur contribution exceptionnelle envers la santé visuelle du public.
Des hommages de toute la filière
L’AsnaV salue "un géant de l'optique" qui "était aussi un homme merveilleux. Très actif, abordable, curieux, ses questions étaient acérées et pertinentes. Il était très engagé dans la vie de l’optique et se tenait informé de tous les progrès en faveur de l’amélioration de la vue".
Le Gifo, dont Bernard Maitenaz a été membre du bureau de 1983 à 1994, lui rend également hommage: "Passionné de recherche, il illustre la volonté et la capacité des industriels de l’optique à repousser continuellement les limites techniques pour permettre à chacun de mieux voir. Ses innovations ont révolutionné notre industrie mais aussi changé la vie des presbytes. La mise au point d’un verre permettant de voir à toutes les distances de manière continue représentait alors un défi scientifique et technique majeur. Cette formidable aventure industrielle, nécessitant la conception de machines tout aussi novatrices que le verre lui-même, a bouleversé la façon de prendre en compte les besoins individuels de chaque porteur de lunettes comme les procédés de fabrication des verres. L’héritage de ce véritable « sur-mesure industriel » fait encore aujourd’hui toute la spécificité de notre industrie. Les industriels continuent d’être animés par cet objectif de passionnés : se rapprocher toujours plus de la vision naturelle en toutes circonstances."
Passionné, Bernard Maitenaz a révolutionné le secteur de l’optique. Nos pensées vont à sa famille, ses enfants et petits-enfants.