Interdiction de la publicité, renouvellement à 3 ans... les syndicats réagissent

Le 09 Juillet 2025

Dans le rapport Charges et Produit de l’Assurance Maladie et celui des trois Hauts Conseils – le Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance maladie (HCAAM), le Haut Conseil du financement de la protection sociale (HCFiPS) et le Haut Conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge (HCFEA), les secteurs de l’optique et de l’audition ne sont pas épargnés. Objectif : baisser les coûts, notamment en renforçant le recours au 100% Santé ou en interdisant la publicité. Des propositions qui n’ont pas manqué de faire réagir les syndicats professionnels.

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Les propositions

  • Allongement des délais de renouvellement :Prolonger le délai de renouvellement des équipements optiques à, voire 5 ans, et des audioprothèses en augmentant la durée de garantie légale.
  • Réduction des prix de vente : Activer des clauses pour diminuer les prix limites de vente (PLV) des audioprothèses.
  • Observation et analyse des Prix: Mettre en place des éléments d'observation et d'analyse des prix de vente des dispositifs médicaux pour ajuster la tarification.
  • Interdiction de la publicité : Étendre l'interdiction de la publicité à l'optique et aux audioprothèses.
  • Promotion du 100% Santé : Inciter les professionnels à promouvoir le 100% santé par plus de transparence et des recommandations de bonne pratique.
  • Panier à tarif modéré : Créer un panier à tarif modéré pour les audioprothèses, similaire à celui existant pour le dentaire, avec des prix limites de vente.
  • Réduction de la prise en charge des paniers à tarifs libres : Réduire la prise en charge des paniers à tarifs libres par l'AMC pour orienter le marché vers les paniers 100% santé ou à tarifs maîtrisés.

Les réactions des syndicats

La Fnof (Fédération Nationale des Opticiens de France) se réjouit de l’interdiction de publicité, combat de longue date du syndicat. Elle rappelle que « les publicités commerciales (dont le but premier est l’incitation à l’achat), n’ont aucun effet sur la concurrence et sur la baisse des prix, au contraire. Elle galvaude le métier d’opticien de Santé en permettant de penser que l’on peut se transformer en marchand de tapis. Ce temps-là est révolu, il faut changer de paradigme, s’y former, et le projet de la refonte de la formation porté par la Fédération en tient compte. » La Fédération s’oppose, par contre, au passage à un renouvellement des équipements tous les 3 ans. Elle juge cette proposition démagogique puisque les chiffres officiels indiquent un renouvellement au-delà des 3 ans. La Fnof met donc en garde. Si ces deux propositions venaient à être adoptées, des magasins vont immanquablement fermer pour redonner du volume de vente aux autres. En outre, les opticiens devront trouver des relais de croissance pour compléter leur chiffre d’affaires.

Le Rof (Rassemblement des opticiens de France) rejoint la Fnof sur le volet renouvellement, mais est totalement opposé à l’interdiction de publicité. Le syndicat estime que « la publicité a historiquement permis de rendre le secteur plus concurrentiel et de dédramatiser le port des lunettes. Par ailleurs, si la publicité permet à chacun d’entre nous de faire connaître au patient les produits et services qu’il offre, ce n’est évidemment pas elle qui fait s‘accroître le marché, mais le vieillissement de la population et l’exposition aux écrans. »

Enfin le SDA (Syndicat des audioprothésistes) s’oppose à la proposition de réduire le cout de l’audioprothèse par l’activation de la clause d’abaissement du prix limite de vente des appareils de classe I. Elle serait selon lui « particulièrement pénalisant[e] pour les professionnels installés dans des quartiers peu favorisés », où le recours à ce panier est important. Dans son communiqué, le SDA remet également en perspective les comparaisons internationales et rappelle les résultats de l’étude EuroTrak 2025 : « pour la première fois, le Royaume-Uni voit son taux d’équipement baisser », alors que la France atteint désormais 55,5 %, un des meilleurs taux en Europe. « Le système anglais, écartelé entre un modèle public notoirement sous-financé, et un marché privé environ 50 % plus cher que le nôtre pour les aides auditives de gamme moyenne et supérieure, est un parfait anti-modèle, insiste-t-il. Alors que la réforme du 100 % santé en audiologie assure un accès à des soins de qualité pour tous, (...) [et un] taux de satisfaction globale de 83 % ».