La Journée nationale de l’audition a lieu aujourd'hui. En amont de cet événement, le 29 février, l’association JNA a dévoilé les résultats non pas d’une, mais de deux enquêtes. Les premiers, préliminaires, concernent l’étude Pesa (poids économique et social des acouphènes) réalisée en partenariat avec France Acouphènes ; les seconds sont ceux du baromètre réalisé par l’Ifop.
L’étude Pesa a été lancée afin d’alerter les pouvoirs publics sur le fardeau économique des acouphènes et, ainsi, améliorer la prise en charge.
Les premiers résultats de cette enquête menée par la société Sanoïa ont été dévoilés par le chercheur Jean-Charles Ceccato, vice-président de la JNA. Elle porte sur 1 563 personnes acouphéniques, qui ont répondu à un questionnaire précis que la JNA avait mis en ligne. Sur cette base, ils ont calculé le reste à charge des patients acouphéniques : il s’élève à 1 079 € par an en moyenne (le RAC médian est de 400 €). Équipement, pharmacie, compléments alimentaires, médecines alternatives... Les patients, dans l’impasse, recourent à diverses solutions.
Rapporté au nombre de personnes acouphéniques, et en ne considérant que les patients souffrant d’acouphènes sévères ou catastrophiques, le fardeau économique s’élève à 11,8 milliards d’euros par an. « C’est une estimation globale et minimale, explique Jean-Charles Ceccato, qui ne tient pas compte, par exemple, des arrêts de travail. » De même, comme l’a souligné l’économiste de la santé Laurence Hartmann, présente lors de cette conférence, cela ne prend pas en compte les coûts indirects comme la baisse de productivité. Des résultats plus détaillés seront publiés lorsque l’étude sera achevée.
Quant au baromètre de l’Ifop, il a apporté quelques enseignements supplémentaires. Le terme acouphène est connu par 95 % des quelque 1 500 personnes interrogées et 79 % savent de quoi il s’agit. 53 % des sondés ont un proche qui a des acouphènes.
Le sondage indique aussi que près de la moitié (44 %) des personnes sondées ont déjà eu un acouphène. Parmi elles, deux sur trois en ressentent encore aujourd’hui. 28 % en souffrent depuis plus de 5 ans.
Et nombreuses sont celles qui estiment que les informations sur cette pathologie manquent. Sept personnes sur dix jugent que les professionnels de santé ne communiquent pas assez sur le sujet, et 84 % pensent la même chose au sujet des pouvoirs publics. Vu le fardeau économique, il serait peut-être temps d’inverser la tendance.
Quant à la prise en charge, elle pourrait être également améliorée. En instaurant, par exemple, une consultation spécialisée pour les acouphéniques, comme le suggèrent le Pr Puel ou le Dr Alain Londero. Ce dernier plaide pour des spécialistes de l’acouphène. Le Pr Hung Thai Van appelle de ses vœux le remboursement de l’acte des otoémissions acoustiques. « Sans prise en charge, il n’y aura pas d'investigation plus poussée des patients acouphéniques, juge-t-il. Cela fait 20 ans que nous le demandons. »