L'optique est-elle une dépense prioritaire

Le 22 Septembre 2022

Alors que le 100% Santé est aujourd’hui bien en place, les dépenses des ménages pour leurs équipements optiques sont toujours au cœur de l’actualité. La réforme a, certes, permis à de nombreux français de s’équiper sans reste à charge, mais d’autres ont préféré acheter des produits premium. Conséquence : le panier moyen n’a pas baissé et la question des dépenses de santé en optique se pose encore.

Bernard Galan
bruno Germany

Cette question en amène immédiatement une autre : l’optique est-elle une dépense?

Notre filière, de par son encadrement législatif, est en effet « protégée » car elle fait, pour partie, l’objet d’un financement indirect.

Cet effet passif est relativement indolore car lié au financement de la sécurité sociale, à l’obligation des employeurs de proposer et de cofinancer une mutuelle, et à la mise en place obligatoire du 100% santé dans tous les magasins d’optique de France.

Alors, la crise actuelle du pouvoir d’achat en France (décalage entre l’inflation réelle et les revenus des Français) va-t-elle permettre au 100% santé de trouver enfin le succès attendu par ses promoteurs et craint par la filière ? Pour l’instant, les paniers moyens ne semblent pas encore baisser. Un grand réseau national d’encadrement des remboursements de santé vient de publier des chiffres qui au contraire montrent une augmentation du panier moyen.

Attention, l’augmentation d’un panier moyen pour un réseau dont l’objectif est de limiter le coût des soins semble paradoxale. En effet, le point de départ de cette croissance est bien plus bas que la norme !

Nous devons être prêts à constater une modification des paniers moyens qui vont évoluer dans un espace réduit entre un plancher qui va probablement monter et un plafond qui risque de baisser. Ce phénomène se produit déjà dans la distribution alimentaire entre un discount qui gagne en offre et en qualité, et des distributeurs généralistes qui se remettent en cause.

Reste à savoir si le solde entre cette croissance et cette érosion sera positif, et si tous les opticiens et leurs fournisseurs pourront en bénéficier pour, en retour, proposer de meilleures solutions aux porteurs. Cela amène une autre réflexion sur l’avenir. comment les restes à charge vont-ils évoluer dans ce cadre plus restreint ? Nous pouvons distinguer un risque et une opportunité. Le risque est de rencontrer plus de candidats aux achats zéro dépense qui ne seront pas (plus) susceptibles de mettre la main à la poche…

L’opportunité tient à la créativité et l’innovation de notre industrie à séduire la clientèle. Un géant industriel a commenté récemment sur la chance que constitue sa capacité d’investissement sur le marché plutôt que sur le risque que pourrait constituer sa taille.

Qui seront les gagnants et les perdants dans ce contexte ?

Nous revenons à nouveau sur l’idée que certains sont capables de justifier le bon choix pour les porteurs et que d’autres, plus passifs que proactifs vont à nouveau voir leurs résultats baisser. Les analystes indiquent que dans les dépenses compressibles les restaurants sont en première ligne. Oui, il n’y a pas de raison d’en douter, mais il est toujours aussi difficile de réserver une table dans ceux qui proposent des prestations de qualité…

Le salut semble toujours vouloir se concentrer vers le haut, et le péril plutôt vers le bas.
Les responsables et politiques souhaitent mettre en place des dépenses collectives, pour rendre la vue et l’audition.
C’est donc à la profession de se dépenser pour que la vision reste un choix de séduction, soutenu par l'innovation et motivé par le plaisir de bien voir et bien entendre.

Bien entendu, (et bien vu également) avec des produits récents, et non pas avec les anciennes générations qui font le job, mais qui risquent de faire perdre le leur aux professionnels.

La recherche permanente du meilleur pour les patients et les porteurs doit se faire avec le conseil avisé du professionnel de santé, pas avec une grille imposée basée sur le service minimum…

Souhaitons que l’optique reste une dépense prioritaire pour toujours…