Les exemples étrangers confirment que la France est plutôt en retard en matière de dématérialisation des prescriptions. Ainsi, en Israël, l’informatisation des ordonnances est en place et se combine avec les assurances afin de réduire les coûts de gestion administrative de la santé, dépenses dont la France détient le record mondial.
Cette spécificité hexagonale accentue la crise actuelle dans le monde hospitalier qui croule sous le nombre de gestionnaires et manque cruellement de personnel soignant, crise initiée depuis la
mise en place de la loi sur la réduction du temps de travail (35h).
Le vrai perdant dans cette perspective est en principe le fraudeur. A intervalles réguliers, en optique comme en audiologie ou en pharmacie, les médias mettent l’accent sur certaines dérives. Les fraudes des assurés sont plus rarement pointées du doigt. Le scandale des fausses cartes Vitale prouve qu’il n’y a pas une volonté politique de régulariser une situation beaucoup plus grave que les quelques brebis galeuses de la distribution. Les pratiques de certains centres médicaux sont également sources de dérapages et de surcoûts.
L’État dispose de nombreuses informations pour détecter facilement les abus des différents acteurs de la filière santé. Pourtant, peu d’actions sont envisagées ce qui laisse penser que cela n’est pas politiquement désiré. La loi informatique et liberté autorise tous les abus et interdit les croisements de fichiers et les contrôles qui permettraient pourtant de stopper les fraudes organisées et les énormes fuites de nos systèmes sociaux.
Alors cette nouvelle vague d’informatisation va-telle apporter des avantages ? Cela reste probable puisqu’elle peut :
- Faciliter les achats de lentilles et de lunettes sur Internet…
- Préparer les français à la médecine sur Internet. ils ont déjà commencé à prendre leurs RDV sur la toile.
- Participer à réduire les coûts de mutuelles.
- Simplifier les démarches en s’affranchissant du papier, notamment dans le cas de renouvellement des ordonnances de lentilles chez l‘opticien, dont la validité est désormais prolongée à 3 ans.
- Faciliter la téléconsultation en direct ou bien asynchrone avec des équipements en libre-service ou pilotés avec l’assistance d’orthoptistes ou d’optométristes (Réfraction, tonométrie, fond d’œil, dépistage des défauts et des maladies de l’œil).
Bien entendu, le papier n’a pas le monopole de l’authenticité… Falsifier des ordonnances électroniques doit être possible. Beaucoup de fausses prescriptions sont réalisées à l’insu des médecins et à grande échelle grâce aux ordinateurs et à l’usurpation d’identité.
Cependant, il y a bien des exemples où l’électronique facilite le traitement administratif, comme les radars automatiques, la vidéo-verbalisation. La Chine dispose de la reconnaissance faciale à tous les coins de rue, les citoyens reçoivent des amendes et sont notés sur leur comportement dans toutes leurs activités. La France fait plus que jamais figure d’exception suite à la loi informatique et liberté mais il faut reconnaître qu’elle facilite beaucoup la falsification des documents.
Woody Allen a dit : « L'avenir est la seule chose qui m'intéresse, car je
compte bien y passer les prochaines années. » Alors restons optimistes, et espérons que cela va faciliter l’accès aux soins au plus grand bénéfice des françaises et des français, à qui les prochains gouvernements demanderont moins d’efforts financiers si la fraude pouvait enfin se tarir.