La bataille pour ralentir la myopie

Le 26 Septembre 2023

Sujet Ô combien d’actualité, la pandémie mondiale de myopie est une problématique d’avenir pour la filière optique. Les différents moyens de correction et de freination existants placent l’opticien en première ligne pour participer à cette bataille dont les enjeux de santé publique sont colossaux.

Par Bernard Galan
Image par StockSnap de Pixabay

Il n’y a plus le moindre doute. La myopie est reconnue dans le monde entier comme un enjeu de santé publique majeur. Plusieurs études indiquent que la moitié de la population mondiale sera touchée par la myopie d’ici 2050.

Un enjeu de taille

Sachant qu’elle concerne plus d’individus, et que sa valeur moyenne augmente, les risques médicaux bien connus liées aux fortes myopies pèseront lourd pour toutes les économies mondiales (cécité, basse vision, accidents domestiques…).
La filière optique voit se dessiner de nouvelles perspectives.
De nouvelles solutions se rajoutent aux précédentes et permettent aujourd’hui de ne pas seulement la compenser mais véritablement de la ralentir.
Les études cliniques mobilisent de plus en plus de moyens sous la pression des industriels comme des gouvernements.
Plusieurs laboratoires de lentilles de contact, ainsi que les principaux verriers, disposent de verres de freination de la myopie. Il existe également des traitements laser comme le RLRL (Repeat Low-red Light).
La communication des fabricants et distributeurs sur ces verres est déjà présente à la télévision et dans la presse grand public.
Ces verres pourraient rentrer dans l’offre 100 % santé mais tout le monde ne voit pas cela comme une opportunité.
L’enjeu économique pour notre industrie est colossal. En effet, le nombre de personnes concernées se chiffre en milliards, et la perte de productivité est une menace réelle pour l’économie mondiale.
Le gouvernement chinois considère que cela peut remettre en cause les perspectives économiques de toute la nation et, donc, que toute solution visant à en réduire les effets sera privilégiée. Parmi celles-ci, citons la limitation récente des temps d’écran de tous les enfants chinois.

Quel rôle pour l’opticien ?

Dans cette bataille technologique et économique contre le développement de la myopie, l’opticien a-t-il un rôle à tenir ?
La recherche est principalement médicale, ophtalmologique avec, dans certains pays, le concours d’universités d’optométrie pour les suivis cliniques. Sans surprise, la zone Asie-Pacifique est très prédominante car historiquement plus touchée que le reste du monde.
Et demain ?
Les études démontrent que les premières années d’apprentissage de la lecture sont déterminantes dans le contrôle du développement de la myopie.
Les résultats obtenus par les différentes solutions actuelles nécessitent des équipements ou un traitement réguliers plus particulièrement chez les enfants, donc avant le développement de la myopie.
Si le diagnostic n’est pas compliqué, encore faut-il le faire tôt et mettre en œuvre le protocole retenu, encadré par des professionnels de santé. Cela ne va pas être possible avec la saturation actuelle des cabinets d’ophtalmologie.
Il reste donc les opticiens, ou bien les orthoptistes voire les pharmaciens nous pouvons également considérer deux conséquences possibles à long terme dans le cas d’un recours massif à ces solutions et dans le cas d’une efficacité importante :

  • une réduction des ventes de verres à hauts indices ;
  • une augmentation des volumes de vente des verres progressifs, la presbytie intervenant plus tôt sur les sujets moins myopes ;
  • une baisse du recours à la chirurgie réfractive.

Il convient de profiter pleinement de cette très importante avancée sur le principal défaut visuel mondial.

Opticiens, quelles actions envisagées ?

S’informer le plus possible : conférences, publications professionnelles, visites des représentants, connaissances de tous les produits disponibles et de leurs protocoles…
Être en contact étroit avec les prescripteurs de sa zone de chalandise. Les médecins (y compris du travail et scolaires) doivent savoir que vous pouvez assurer le suivi des différentes solutions qu’ils seraient susceptibles d’envisager pour leurs jeunes patients.
Prendre contact avec eux dès la première ordonnance, identifier leurs préférences et les rassurer sur le respect scrupuleux des protocoles de chaque fabricant.

En cas de nécessité, contacter le service aux professionnels du
verrier ou du laboratoire de lentilles
car les interlocuteurs habituels ne sont pas forcément au fait de toutes les informations pratiques (rythme des visites de contrôle, des changements de prescription, centrage et position des verres avec sa monture, expertise en cas de mauvaise adaptation, produit non conforme…).
En parler aux parents et grands-parents.
Toute la famille est mobilisée lorsqu’un enfant est diagnostiqué pour une myopie.
Participer aux actions de dépistage auprès des jeunes enfants. Se rapprocher et participer aux actions de l’Asnav.

En conclusion, ainsi que nous l’avons souvent répété, l’innovation reste le meilleur levier de croissance pour la filière mais encore faut-il pouvoir la justifier (reste à charge), la maîtriser (formation), la faire adopter à ses prescripteurs (collaboration interprofessionnelle), répondre favorablement aux demandes des parents (discours argumentés et bien maîtrisés).

Pour une fois que nous disposons d’un ralentisseur du principal défaut visuel, il serait très dommageable de ne pas en faire profiter les nombreux enfants touchés par cette pandémie favorisée par nos modes de vie actuels. Il en va de notre jeunesse, donc de notre avenir à tous.