Ces Etats généraux ont été l’occasion de rappeler quelques chiffres-clés sur l’évolution du nombre de myopes à l’horizon 2050. Si les réalités sont différentes d’un pays à l’autre, avec des situations inquiétantes en Asie, une hausse du nombre de cas est observée partout. La France comptait ainsi 20% de myopes en 2020, mais pourrait atteindre 30% d’ici 2050. Les facteurs environnementaux sont notamment pointés du doigt : temps d’écran, travail en vision de près prolongé, éclairage etc.
Des enjeux forts
Les enjeux sanitaires et économiques sont grands puisque des complications peuvent survenir en cas de forte myopie, allant jusqu’à la cécité. Une étude espagnole a d’ailleurs estimé que l’épidémie de myopie risquait d’augmenter les coûts liés à la santé mais aussi à la baisse de productivité qui en découle, de plus de 76%. Il est donc impératif de dépister et de freiner la myopie. Pour cela, des initiatives ont vu le jour. L’Institut Français de la myopie, inauguré cette année, va permettre d’agir à plusieurs niveaux. En parallèle, les projets PREMYOM et DiaNV offrent des pistes intéressantes. Le premier, qui s’étendra jusqu’en 2029, a pour ambition de concevoir des lunettes personnalisées destinées à prévenir et réduire l’évolution de la myopie chez l’enfant et l’adulte. L’objectif du second est de fournir un outil basé sur l’image pour l’orientation des patients myopes, atteints de maculopathie néovasculaire myopique.
Des freins toujours présents
Associations, ophtalmologistes, orthoptistes, opticiens, pédiatres et industriels sont concernés par ce sujet et participe, chacun à leur manière, à la lutte contre la myopie. L’association pour les patients atteints de myopie (MYopiA) est présente, au quotidien, pour les patients et fait en sorte d’aider la recherche et de peser sur le débat public. Son président Cédric Thein plaide notamment pour que la myopie soit reconnue comme maladie et qu’elle soit prise en charge à 100%. D’ailleurs, dans un rapport publié en septembre aux Etats-Unis, les Académies Nationales des Sciences, de l’Ingénierie et de la Recherche ont appelé les Agences de santé à la classer comme maladie. La question de la prise en charge a également été soulevée par d’autres intervenants. En effet, le remboursement actuel, identique à celui d’un unifocal, est un frein à l’équipement puisque seuls 10% des enfants myopes seraient équipés.
Les représentants des opticiens (Hugues Verdier-Davioud, président de la Fnof et Jean-François Porte, président du Rof) ont rappelé leur rôle essentiel dans le suivi, le conseil, mais aussi le dépistage et la prévention. La réforme de la formation d’opticien devrait d’ailleurs permettre, grâce à une montée en compétence, de mieux accompagner les patients myopes. En ce qui concerne la prévention, Hugues Verdier-Davioud a évoqué la mise en place éventuelle d’un dispositif à différents âges clés de l’enfant, à l’image de ce qui se fait en dentaire (programme M’T dents), tandis que le Dr Batard, pédiatre, plaidait pour une généralisation du dépistage en médecine scolaire.
Cet évènement a permis au Collectif Ensemble contre la myopie d’afficher sa volonté de travailler conjointement pour faire mentir les statistiques d’ici 2050.