La gestion de trésorerie

Le 22 Septembre 2023

Le commerce d’optique est une activité consommatrice de capitaux. Ces besoins financiers portent sur l’achat du droit au bail, l’aménagement du magasin, le stock de départ. Le total de ces investissements représente fréquemment plus d’une année de chiffre d’affaires en période de démarrage. Dès lors le recours à l’emprunt est généralement nécessaire et les premières années seront consacrées à assoir la rentabilité et à permettre le désendettement.

Par Marc Prost-boucle, expert-comptable et commissaire aux comptes
Image par Alexa de Pixabay

La bonne gestion de votre trésorerie repose sur plusieurs leviers :

  • Un suivi fin de la marge brute et donc une gestion serrée des achats, des stocks, des RFA, mais également du mix montures/ verres proposé à la vente.
  • Le suivi précis de vos comptes clients. Ce poste, bien géré, peut demeurer d’un montant raisonnable, et sans risque d’impayé, l’essentiel étant réglé par les régimes obligatoires et complémentaires. Un encours client normal ne doit pas dépasser 20 à 25 jours de chiffre d’affaires.
  • Le suivi de vos stocks et notamment des articles dont l’ancienneté est supérieure à 1 voire 2 ans. Au-delà il faut prévoir soit des provisions pour dépréciations soit de les passer en promotion ou seconde paire à prix réduit.

Au terme de quelques années, et lorsque la charge de remboursement des emprunts s’allège, de nombreuses sociétés d’optique se retrouvent avec des flux de trésorerie positifs et parfois même des excédents significatifs.

Jusqu’à une date récente, ces fonds n’étaient souvent, ni gérés, ni placés,
du fait de taux de rémunération proche de zéro. La situation a changé et je recommande de vous rapprocher de vos banquiers afin, à minima, de placer cet argent sur des comptes à terme. Même avec des horizons de placement assez courts (de l’ordre de quelques mois) les taux de rémunération proposés atteignent 3%.
La gestion de ces excédents de trésorerie amène également à poser la question de vos projets personnels et professionnels :

1) La satisfaction de besoins personnels

- Selon votre forme d’exercice : entreprise individuelle ou société.
- Selon la nature de la société : SARL, EURL ou SAS SASU.
- Selon le régime fiscal d’exercice : impôt sur le revenu ou impôt société.
- Selon votre situation personnelle : fiscalisation plus ou moins forte du
foyer.

Alors, les possibilités de consommation des flux de trésorerie pourront reposer soit sur du salaire, soit sur des dividendes, soit sur un mix des 2.
NB : Le tout dividende est à proscrire.

Ces arbitrages se feront en fonction des situations individuelles et il n’est pas question dans le cadre de cet article de donner une règle précise. Retenons qu’un mix salaire / dividende est généralement préconisé.
En SARL et EURL, les dividendes sont assez rapidement soumis aux
cotisations sociales et non pas aux prélèvements sociaux. Leur taxation
passe ainsi de 30% (impôt et prélèvements sociaux) à 12,80% (plus charges
sociales). Cette situation peut être une opportunité.

2) La satisfaction d’investissements professionnels ou d’immobiliers de rapport

Dans cette situation la présence d’une holding doit se poser. Celle-ci présente les avantages suivants:

  • Exonération quasi-totale des remontées de dividendes entre sociétés mère et fille.
  • Possibilité de croissance externe sans « frottements » fiscaux.
  • Possibilité de diversification dans des projets immobiliers ou commerciaux.

En conclusion, les excédents de trésorerie doivent faire l’objet d’une analyse fine dépendant des projets en cours et à venir. Laissez dormir cette trésorerie sur les comptes courants bancaires serait une erreur.