L'amélioration se poursuit
L’étude a été menée pour une prise de rendez-vous, par téléphone, pour un nouveau patient, sur la base de deux scénarios distincts : une consultation périodique (1) et l’apparition de nouveaux symptômes nécessitant un examen rapproché, sans notion d’urgence, (2). Le 1er scénario a aussi été exploré avec une prise de rendez-vous par internet.
Pour le scénario 1, le délai moyen est de 48 jours (vs 68 en 2019) et le délai médian de 24 jours (vs 43 en 2019). 25% des rendez-vous sont donnés à moins de 8 jours et 56% à moins d’un mois. Il faut cependant noter que 28% des patients n’obtiennent pas de rendez-vous, principalement car le spécialiste ne prend pas de nouveau patient (10%) ou Autres raisons (pas de places, demande de coordonnées précises, renvoi aux urgences, ne fait que de la chirurgie, etc.). Les délais sont plus courts si l’ophtalmologiste exerce seul (19 jours vs 28) et s’il a moins de 50 ans (24 jours vs 30). Dans le cas du 2ème scénario, le délai d’obtention est de 8 jours en moyenne (contre 27 en 2019), et la médiane est à 4 jours, quel que soit l’âge ou le mode d’exercice de l’ophtalmologiste. Toutefois il reste 55% d’échecs de prise de rendez-vous. Le mode d’exercice n’influe pas sur les délais.
Pour les rendez-vous pris par internet, les délais sont plus courts avec une moyenne de 41 jours (61 en 2019) et un délai médian de 19 jours (-23 jours vs 2019). La proportion de rendez-vous obtenus est légèrement supérieure (+5%) que par téléphone, à 72%. En 4 ans, les délais se sont améliorés de plus de 3 semaines.
Selon le président du Snof, ces chiffres s’expliquent notamment par le développement du travail aidé avec délégation (63% contre 49% en 2019 en secteur 1), mais aussi par l’évolution des décrets des orthoptistes et opticiens en 2016, la stabilisation de la démographie des ophtalmologistes et l’efficacité des protocoles organisationnels.
Régions, agglomérations, du mieux mais…
Au niveau régional, pour le 1er scenario, 11 régions sur 13 voient leurs délais s’améliorer, notamment la Normandie, la Bretagne, le Centre-Val de Loire et l’Occitanie. A l’inverse, les Pays de la Loire, le Grand Est et la Corse ont des délais plus longs qu’en 2019. Dans le 2ème scénario, toutes les régions ont de meilleurs délais qu’auparavant. Par internet, les tendances sont identiques avec une amélioration globale, à l’exception de la Corse, des Pays de la Loire (+4 jours) et de la Bourgogne-Franche-Comté (+5 jours).Les délais médians restent longs en zones rurales et urbaines de moins de 20 000 habitants (54 jours contre 81 en 2019) et dans les unités urbaines de 20 à 100 000 habitants (43 jours contre 93) pour le 1er scénario, mais se sont tout de même nettement améliorés. La diminution des délais est aussi observée dans les agglomérations plus importantes, et globalement partout dans le cas du scénario 2. Dans les 10 plus grandes villes de France les délais ont diminué, quelque soit le type de rendez-vous, à l’exception de Nantes (+13 jours vs 2019, soit 54 jours). Le Snof s’interroge sur la stagnation des délais de rendez-vous dans certaines grandes agglomérations alors que de nombreux centres de santé ophtalmiques s’y sont installés et que ces derniers affichent une activité « comptable » 2,5 fois supérieure à celle d’un ophtalmologiste en cabinet. Selon le syndicat, ce fort volume d’activité pourrait correspondre à une « activité induite et auto-entretenue sans nette amélioration de la file active ».
Des délais encore plus courts en 2024?
Cette enquête confirme la baisse des délais de RDV en ophtalmologie au niveau national depuis 2017, malgré un contexte démographique encore négatif en 2023 et la fermeture d’une quarantaine de centres de santé ophtalmiques aux pratiques frauduleuses et à l’activité particulièrement importante. Le Snof se félicite de cette baisse de près de 70% depuis 2017, mais cible une diminution de 80% (médiane de 15 jours et moyenne de 25 jours sur la France). Il estime cet objectif atteignable d’ici 2025. Pour cela, il préconise de mettre en place un maillage complémentaire en sites secondaires rattachés à des cabinets principaux, d’encadrer plus strictement les centres, de supprimer les offres de télémédecine dans les magasins, de développer le travail aidé, d’augmenter le nombre d’internes et de les affecter dans les territoires sous dotés et d’optimiser la coordination avec les orthoptistes et les opticiens. Concernant ces derniers, le Snof souhaite particulièrement de vrais échanges d’information lors des renouvellements d’équipements, au travers d’outils numériques comme l’e-prescription et la messagerie sécurisée. Enfin, le syndicat demande la mise en place d’un dispositif de règles professionnels pour les opticiens et les orthoptistes.
Le Dr Thierry Bour conclut :
Le véritable enjeu pour les 5 prochaines années est de s’attaquer maintenant efficacement au défi des zones sous dotées en médecins. Cela devrait être un des objectifs majeurs de la prochaine négociation conventionnelle avec l’Assurance Maladie, laquelle devrait s’ouvrir très prochainement. Les médecins spécialistes sont les premiers concernés et doivent être force de proposition au travers de leurs syndicats représentatifs comme Avenir Spé-Le Bloc. Donner les moyens d’agir aux médecins spécialistes libéraux pour améliorer l’accès aux soins des patients est un des meilleurs moyens de répondre au mécontentement actuel, lequel se traduit aujourd’hui par le mouvement de fermeture des cabinets débutant ce 13 octobre.
*Étude de l’institut CSA pour le SNOF – 2023), analyse par le Dr Joy Raynaud, géographe spécialiste de l’accès aux soins.