De nouveaux acteurs qui ne règlent pas les problèmes
Les orthoptistes, les optométristes, les ophtalmologistes, les secrétaires médicales, les opticiens diplômés, les employés de magasin, les pharmaciens… sont soit en position défensive de leurs prérogatives, soit en recherche d’étendre leur légitimité. L’arrivée de nouveaux acteurs comme les centres de soins (dentaires et ophtalmiques en particulier) modernes, bien équipés, avec beaucoup de personnel et une répartition des tâches visant l’optimisation financière avec peu ou pas d’attente, vient donner une nouvelle dimension industrielle à ces métiers. Des audits et des reportages relèvent régulièrement des abus sous la forme de prestations fantômes, non nécessaires mais systématiquement facturées, mais cela n’a pour le moment pas stoppé leur développement. Si des professionnels se regroupent et que leur nombre ne progresse pas, il y a forcément de plus en plus de tensions sur certains territoires qui deviennent des déserts médicaux. Pour ces derniers, les cabines de pré-consultation en ophtalmologie sont annoncées (#Doctovue par Eyeneed).
Il semble donc que la finance et la technologie vont modeler la filière autour de législations vieillissantes qui ne protègent que partiellement les statu quo médicaux et optiques.
De nouveaux réseaux viendront alimenter en ordonnances des magasins physiques et virtuels selon des règles qui restent à définir. Il est probable que les lois de la finance s’appliqueront également sur la répartition de ces ordonnances qui restent le principal vecteur de valeur de la filière. Les réseaux d’assureurs et l’outil Internet devraient jouer un rôle perturbateur et influencer les habitudes des consommateurs. La proximité géographique, le capital sympathie et la force de communication d’un réseau ne seront plus les facteurs prédominants du choix de son opticien. D’ailleurs ce choix appartient de moins en moins au porteur.
Il semble donc que la finance et la technologie vont modeler la filière autour de législations vieillissantes qui ne protègent que partiellement les statu quo médicaux et optiques.
Un passé dépassé
Dans les années 1960 des opticiens se sont regroupés en coopératives pour acheter mieux, et mutualiser leurs moyens afin d’accéder à la communication grand public via des identités nationales tout en conservant leurs caractéristiques locales et individuelles. Plus tard, de nouveaux opticiens sont arrivés avec des propositions chocs et très faciles à assimiler pour la clientèle sous forme de franchises et de succursales. Aujourd’hui, de nouveaux intervenants débarquent avec des moyens rendus quasi illimités par le biais de levées de fonds et de surfaces financières qui dépassent les capacités, même fédérées, des seuls opticiens. Les assureurs et l’État sont venus également rappeler que ce marché n’est plus aussi libre de faire ce qu’il veut. Ces investisseurs misent sur un futur alors que beaucoup d’opticiens essaient de protéger un passé qui ne reviendra pas.
Au moment où se pose la question des étendues respectives des professions de la filière, le poids relatif des formations initiales risque de peser lourd dans la distribution de la valeur. En l’absence de changement sur la durée et sur le contenu des études d’optique, alors que les études des filières médicales sont bien plus conséquentes, il est très possible que les arbitrages à venir soient défavorables aux opticiens.
Dans une période de changements, il est essentiel de ne pas rester prostré sur ses positions. Les représentants de la profession le comprennent et il est urgent d’agir. Il est encore temps, alors que tout le reste évolue, y compris le porteur qui reçoit beaucoup de nouvelles sollicitations (prescripteur, assureur, communication grand public, etc.) susceptibles de biaiser son jugement et de changer sa façon de voir… « son » opticien.