- Pourquoi vous être intéressé au SAV en particulier?
Paul Eric Robert (PER): En magasin, j’ai été souvent confronté à des problématiques de SAV qui ne satisfaisaient pas le client. Il nous est tous arrivés de réaliser de belles réparations et de se rendre compte que le client était, lui, plutôt déçu. Ce qui est assez logique, puisqu’il aurait préféré un service immédiat avec des pièces neuves alors que nous avions juste géré l’urgence. Sans parler des cas non réparables qui obligent à retailler les verres dans une nouvelle monture, souvent au détriment du centrage. La technologie avance rapidement pour les montures et les verres et finalement, le SAV ne suit pas, c’est frustrant pour l’opticien et pour le porteur.
- Comment est venu l’idée d’impression 3D?
PER : En regardant mon palpeur ! Je me suis dit que nous prenions le problème à l’envers. Ne serait-ce pas plus logique de partir de la forme du verre et de fabriquer une monture autour, en magasin?
Pour cela, l’impression 3D est idéale. Tout cela paraissait simple sur le papier, mais a ensuite nécessité 2 ans de recherche et développement avant de déployer Oomade en pré-lancement, en janvier 2023, dans plus de 130 magasins en France. Près de 8000 lunettes de dépannage ont déjà été produites. Et aujourd’hui, nous lançons officiellement la solution.
- Concrètement, comment cela fonctionne-t-il?
PER : Nous mettons à disposition de l’opticien notre application et une imprimante 3D esthétique et compacte afin qu’elle puisse être intégrée dans l’espace de vente.
La solution part ensuite de la forme du verre et des dimensions de la monture originale, pour générer un modèle 3D. L’opticien peut, au besoin, modifier tous les paramètres (tenon, angle de face, angle de chasse…). L’impression se fait ensuite en magasin en 9 minutes. Le client peut ainsi, en attendant de recevoir les pièces détachées ou d’avoir un rendez-vous avec l’ophtalmologiste, repartir avec ses verres et une monture adaptée.
- Quels types de matériaux sont utilisés?
PER : Il s’agit de matériaux biosourcés et recyclables fabriqués en France, tels que des biopolymères obtenus à partir d'amidon de maïs ou de betterave. Ces matériaux sont en vente dans notre interface applicative et disponibles en plusieurs coloris. Leur durée de vie est néanmoins éphémère (quelques-mois) car cela reste une solution de dépannage.
- Quelles sont vos perspectives?
PER : Nous menons des discussions avancées avec de grands groupes optiques, tant en France qu'à l'international, pour étendre la solution aux réseaux de franchises et nous ambitionnons de doubler ou tripler notre clientèle d’ici la fin de l’année. Le salon Silmo a été une belle opportunité pour ce développement et notre Silmo d'or a boosté les choses. Nous étions très contents d'être nommés dans la catégorie Innovation technologique et nous avons été surpris et très heureux d'être lauréats.