La pandémie de Covid a accéléré le développement de la télésanté et notamment de la téléconsultation en ophtalmologie. En parallèle, le télésoin a été autorisé aux orthoptistes et les indications de la télémédecine ont été élargies et assouplies, tout en étant cadrées.
Or, les deux syndicats estiment que les offres de télémédecine débridées et non conformes se multiplient, "dans des lieux commerciaux ou avec une pseudo téléexpertise « robotisée »" et que dans ces cas, les orthoptistes et les ophtalmologistes servent souvent d’alibi. Ils rappellent que la téléconsultation reste un acte médical qui doit se passer en visio simultanée entre le patient et l’ophtalmologiste et que le praticien doit être identifiable par le patient dès sa demande de téléconsultation.
De plus, le Conseil de l’Ordre des médecins rappelle régulièrement que, sauf cas particulier, la téléconsultation doit pouvoir être suivie d'une consultation présentielle lorsque cela est nécessaire et si possible avec le même médecin, ce qui implique une distance raisonnable entre le patient et son ophtalmologiste. De la même façon, l’intervention d’un orthoptiste à distance n’est pas prévue par la réglementation en dehors du télésoin. Ce dernier nécessite une connaissance présentielle du patient dans les 12 mois antérieurs par le même orthoptiste et ne peut concerner un bilan visuel.
Le Snof et le SNAO s'opposent donc au développement de la télémédecine dans des lieux commerciaux, car, selon eux, "cela créé de la confusion dans l’esprit des patients et ne respecte pas la notion de territorialité et d’alternance du suivi en présentiel". Ils invitent les ophtalmologistes et les orthoptistes à ne pas répondre aux offres de salariat en télémédecine qui ne respecteraient pas la réglementation, la déontologie et l’intérêt des patients.
Une profonde réorganisation des cabinets d’ophtalmologie et de la pratique de l’orthoptie est en cours. Certaines évolutions ne sont qu’au début de leur déploiement (primo-prescription des équipements optiques chez les 16-42 ans par les orthoptistes, sites secondaires en ophtalmologie) ou ne sont pas encore en application (dépistage chez l’enfant, protocole de coopération RNM rénové). Le développement de la télémédecine doit se faire en cohérence avec ces évolutions, notamment dans les zones sous-dotées où les besoins de prise en charge présentielle des patients sont souvent plus importants que dans les grandes villes. La télémédecine doit s’intégrer dans un circuit global de prise en charge et de continuité des soins des patients et non être une fin en soi, ni un business.
Nous demandons à tous les acteurs d’être très attentifs à l’ensemble de ces éléments.