Arthur Daviet (AD) : Elle a été créée par deux amis surfeurs, en 2012, suite à un voyage en Australie. Ils y ont découvert des lunettes en bois, les ont adorées et, à leur retour, ont décidé de se lancer. Le nom Ozed vient d’ailleurs de Ozie le surnom de l’Australie ! La gamme prend donc vraiment son essence dans le monde de la glisse, avec également une tonalité écoresponsable. Les premières montures étaient des solaires, en bois, plutôt typées sport. La première collection optique a, elle, été lancée en 2015.
LRDO : Quand avez-vous intégré l’entreprise ? Quel est votre parcours ?
AD : Je suis entré dans la société en 2016 après un parcours qui ne me prédisposait pas vraiment au design. Après l’obtention de mon BTS Opticien-Lunetier, je n’avais pas très envie de travailler en magasin et j’avais envie de voir des produits un peu différents de ce qui se faisait. Je me suis dit que je pouvais les créer ! C’est ainsi que je me suis inscrit en Bachelor Lunetier Créateur à l’ISO Paris et que je suis devenu designer. J’ai fait un stage chez Ozed et j’y ai été embauché d’abord en CDD puis en CDI.
LRDO : Et aujourd’hui, vous dirigez Ozed…
AD : Oui, grâce à un concours de circonstances… En 2017, le stock de l’entreprise a été volé et cela a été compliqué avec les assurances. Ozed était en diffiulté et les fondateurs de la marque voulaient tout arrêter. Avec Lucas Manfredi, le directeur commercial, nous avions vraiment à cœur de préserver la marque et nous l’avons donc reprise ensemble. Nous nous sommes installés dans une pépinière d’entreprises dans le quartier de la Croix-Rousse à Lyon, ce qui est assez pratique car nous sommes ainsi proches du bassin d’Oyonnax pour la fabrication.
LRDO : Comment définiriez-vous le style Ozed ?
AD : Comme je vous l’ai dit, au départ, nous étions sur une ligne sportive avec des montures solaires en bois. Notre première collection optique était, elle plus urbaine, mais la nature est clairement au cœur de nos inspirations. D’ailleurs, tous nos modèles portent le nom d’un cours d’eau. J’aime rester simple avec des styles intemporels et minimalistes, en travaillant toujours avec des matériaux originaux et nobles.
LRDO : Hormis le bois, quels sont les autres matériaux que vous utilisez ?
AD : L’écoresponsabilité est au cœur de notre démarche. Le bois que nous utilisons est issu de forêts éco-gérées. Nous avons aussi introduit, en 2019, du métal chirurgical recyclé (issu des chutes de l’industrie médicale) pour les branches de notre collection Lightwood, et de l’acétate biosourcé mélange de pulpe de coton et de bois.
LRDO Parlez-nous de ces différentes collections…
AD : En tout, nous proposons 180 modèles environ. Outre nos montures totalement en bois, nous avons également des combinés avec des faces métal/branches bois ou l’inverse (ligne Lightwood). Nous utilisons quatre essences de bois (noyer, bois de santal bois de rose et bouleau) que nous laissons brutes avec juste un traitement hydrophobe pour que la lunette ne soit pas abimée par la transpiration. Des clients nous ont réclamé des teintes grises que nous avons intégrées à la gamme grâce au bouleau non trempé.
LRDO : Concernant la fabrication, vous avez également souhaité jouer la carte de l’écoresponsabilité ?
AD : Evidemment ! Nous ne pouvions pas choisir des matériaux écoresponsables et ne pas nous poser la question d’une fabrication plus vertueuse. La démarche RSE c’est quelque chose de global pour une entreprise. Au tout début de la société, la fabrication se faisait en Asie car les fondateurs n’avaient pas trouvé d’usines plus proches pouvant réaliser ce qu’ils souhaitaient. Nous avons ensuite réussi à faire fabriquer en Europe, sans trop augmenter les prix. Bien nous en a pris d’ailleurs, car avec la crise du covid les coûts de transport ont explosé. Aujourd’hui, toute notre collection est faite en Europe (plaquage/usinage en Allemagne, montage chez nous à Lyon). Le bio-acétate vient d’Italie.
LRDO : Le bois est un matériau particulier à travailler, comment avez-vous contourné les problèmes de résistance ?
AD : En effet, avec les montures en bois, deux problèmes se posent fréquemment : la résistance à l’usure et le manque de flexibilité pour l’insertion des verres. Nous avons travaillé sur ces deux aspects. Notre technologie permet à nos montures d’être à la fois fies et résistantes grâce à l’alternance de fires verticales et horizontales pour les différentes couches de bois massifs liées entre elles. Avec ce procédé, nous pouvons jouer sur des teintes de bois différentes et obtenir des effets de couleur.
Pour ce qui est de l’insertion des verres, nous avons conçu un système spécial avec deux micro-vis placées sur le tenon. La face avant peut ainsi être facilement ouverte et le changement de verre se faire sans tension.
LRDO : Avec quels verres vos solaires sont-elles équipées ?
AD : Des verres polarisants élaborés à partir de deux fitres linéaires superposés. Cette double polarisation est idéale pour les sports de glisse qui sont au cœur de notre ADN depuis le début de l’aventure Ozed. Un antireflt interne est aussi présent pour assurer confort et protection.
LRDO : Dans combien de point de vente êtes-vous présents ?
AD : Environ 400 magasins en France. Nous sommes une petite entreprise à taille humaine, nous ne sommes que 5, donc nous cherchons à nous développer, bien sûr, mais à notre rythme et en ne reniant pas nos valeurs de simplicité et de partage. Notre prochain challenge est d’être distribués dans les pays du Benelux.
LRDO : Quelle est votre actualité ?
AD : Nous serons présents au Silmo (Hall 5A. Stand N 092) à la fin du mois avec notre nouvelle collection Oviv et des nouveautés Lightwood.
La gamme Oviv, en bio-acétate est inspirée par l’eau avec des formes fluides et organiques et un design qui va à l’essentiel. Les branches sont sobres, les faces ont, elles un coté vintage avec des nez clef. Pour rappeler l’eau, j’ai joué la transparence pour ce qui est des teintes.
Pour la ligne Lightwood, la nouveauté réside dans l’insertion de touches de couleur parmi les 12 couches de bois. Vous trouverez du bleu et du rouge, plus fun, et des jeux de textures obtenus grâce à un biseautage de la face.
AD : Je dirai la monture Luce (64), avec sa forme arrondie et son nez clé d’inspiration vintage. Elle cartonne depuis 3 ans auprès des opticiens.
