Le point sur le travail aidé des ophtalmologistes

Le 05 Février 2021
Le Snof a dévoilé ce matin, par la voix de son président, le docteur Thierry Bour, les résultats de l’étude annuelle sur le travail aidé dans les cabinets ophtalmologiques.  L'enquête a été menée entre janvier et octobre 2020, par questionnaire inséré dans le bulletin d’adhésion au Snof.

71% des ophtalmologistes exercent en travail aidé

Ce chiffre montre une augmentation de 8 points par rapport à 2019 (63%). Toute les classes d'âge sont concernées, même si les ophtalmologistes de plus de 50 ans ne sont "que" 62,3% a avoir recours à cette organisation contre 86% des moins de 50 ans. Les orthoptistes restent de loin les aides les plus fréquentes et les plus nombreuses (64,2%). Les autres professions (infirmiers, assistants médicaux, opticiens) représentent donc un tiers des aides. Globalement, le travail aidé, plus fréquent dans les cabinets de groupe, est plus pratiqué par les ophtalmologistes en secteur 2, mais l’écart semble se réduire avec le secteur 1 (77% versus 60% en 2020, contre 70% versus 49% en 2019). Le travail aidé se pratique dans toutes les régions : pour la grande majorité d’entre elles, la part des ophtalmologistes libéraux en travail aidé est supérieure à 70%. A noter que c’est dans les régions de l’arc Atlantique que cette pratique est la plus répandue : elle dépasse les 80% en Bretagne, Nouvelle Aquitaine et Occitanie. La dynamique est bonne sur l’ensemble du territoire : toutes les régions ont vu la part de travail aidé augmenter en 2020, à l’exception de la région Pays de la Loire, des Antilles et de la région PACA.

Le cabinet d’ophtalmologie poursuit sa transformation

Les ophtalmologistes travaillent de plus en plus avec plusieurs aides ayant des profils professionnels variés. Cela concerne 51% des praticiens, contre 41% en 2019, soit 10 points de plus en un an. Les équipes pluridisciplinaires sont constituées principalement par les orthoptistes : près d’un ophtalmologiste sur deux (48%) déclare travailler avec des orthoptistes salariés (35% en secteur 1 et 56% en secteur 2). Dans près d’un cas sur deux (44%), plus de deux orthoptistes sont présents dans la structure. Pour la première fois, une stagnation de l’embauche des orthoptistes salariés est observée en 2020. Les orthoptistes se tournent de plus en plus vers l’exercice libéral, ce qui explique par ailleurs l’augmentation du nombre d’orthoptistes libéraux présents en cabinet (28%, soit +5 points qu’en 2019). En parallèle, 23,5% des ophtalmologistes travaillent avec des infirmier(e)s, un chiffre en hausse de 24% depuis les douze derniers mois. Toutefois dans seulement 7 % des cas, les infirmier(e)s constituent la seule aide de l’ophtalmologiste. Ils viennent plutôt renforcer l’équipe en place. La collaboration avec les assistants médicaux est quant à elle en forte hausse (11% vs 2% en 2019), tout comme celle avec les opticiens (13% contre 10% en 2019).

Un impact significatif sur les délais de RDV

Le Snof indique sur le travail aidé a un impact direct sur l'accès aux soins des patients puisque l’offre de soins a presque doublé en 20 ans avec un nombre pourtant quasi constant d’ophtalmologistes et que les délais d’attentes sont aussi en amélioration (diminution de ces délais d'un tiers depuis 2017). Autre motif de satisfaction: la France est en tête des pays européens pour le dépistage et de traitement du glaucome, avec 1,5 million de patients traités et suivis chaque année. Les prises en charge de la cataracte, de la DMLA et la délivrance de corrections optiques placent aussi la France au tout premier plan de l’OCDE. Le Snof souhaite donc continuer à développer le travail aidé dans la filière, réduire les délais de RDV et améliorer l’accès aux soins. Pour cela, il demande aux pouvoirs publics de s’engager dans cinq chantiers prioritaires pour l’année à venir : 1.       Appliquer les préconisations de la mission IGAS-IGESR sur la démographie des ophtalmologistes et leur répartition. 2.       Développer l’exercice médical multi-sites, en s’appuyant sur un zonage spécifique à l’ophtalmologie, pour identifier les zones sous-dotées et y apporter les aides nécessaires. 3.       Créer un protocole de coopération national aux limites claires entre ophtalmologistes et orthoptistes, sur la base des actuels protocoles de coopération et de certains protocoles organisationnels. 4.       Définir pour la télémédecine ce qui relève de la téléconsultation, de la télé-expertise et des relations à distance entre orthoptistes et ophtalmologistes, lesquelles pourraient constituer un nouveau cadre : la télé-évaluation. Il est par ailleurs indispensable de pouvoir contrôler et faire respecter ces périmètres. 5.       Instaurer un dispositif de règles et de sanctions professionnelles pour les opticiens-lunetiers et les orthoptistes, à l’instar des orthophonistes. C’est un minimum pour des professions règlementées agissant dans le domaine de la santé.