L’étude a été réalisée à travers deux volets, l’un par téléphone, l’autre en ligne, avec deux scenarios différents impliquant un nouveau patient : un contrôle périodique et apparition de symptômes (sans caractère d’urgence). Plus de 2 400 ophtalmologistes représentatifs et exerçant en dehors des hôpitaux ont été sondés.
Du mieux mais …
En ce qui concerne la prise de rendez-vous téléphonique, le délai médian est de 21 jours (délai moyen de 46 jours). Cela représente une diminution de 22 jours depuis 2019. La proportion de rendez-vous obtenus s’améliore (+11% en 5 ans) mais il est néanmoins impossible d’avoir un rendez-vous dans 25% des appels. Lorsque des symptômes sont présents, le délai moyen a diminué de 73% et est à 7 jours, tandis que le médian se stabilise à 5 jours (-50%). Il reste cependant un fort taux d’échecs de rendez-vous (59%), mais le Snof indique que « la filière se structure pour répondre de manière plus efficace grâce aux équipes de soins spécialisées (ESS) centrées sur les soins non programmés ». Après renvoi et consultation du site internet, ce taux tombe à 9%.
La probabilité d’obtenir un rendez-vous est assez semblable entre les praticiens de secteur 1 et ceux de secteur 2 : 71% vs 76% pour le scénario 1, 39% vs 43% en scénario 2). En secteur 1, le travail aidé avec délégations s’est fortement développé. Il est ainsi en place à 75% contre 63% en 2019.
Sur Internet, les délais de Rendez-vous ont tendance à être plus courts que par téléphone : 4 jours de moins, écart assez stable depuis 2020 (21 par téléphone et 17 en ligne).
Des disparités régionales persistent
Dans le cas de rendez-vous périodique, depuis 2019, 11 régions ont vu leurs délais s’améliorer, notamment celles qui étaient les plus touchées. L’Ile-de-France et la région Paca sont en tête du classement avec respectivement 10 et 12 jours de délais, tandis que la situation reste problématique en Pays de la Loire (82 jours soit un recul de 24 jours) et se dégrade en Bourgogne-Franche-Compté (42 jours, recul de 13 jours). Les délais restent relativement longs en Normandie (67 jours) et en Bretagne (71 jours)Lorsque le patient a des symptômes, là encore, seules deux régions amorcent un recul : l’Auvergne-Rhône-Alpes (7 jours, recul d’1 jour) et la Corse (9 jours, recul de 5 jours). Malgré une amélioration, les délais restent longs en Bourgogne-France-Comté (15 jours).
En ligne, comme par téléphone, pour les contrôles périodiques, de gros problèmes persistent en Pays de la Loire (97 jours, +30 jours vs 2019) et Bourgogne-Franche-Comté (55 jours, +28 jours vs 2019). En Bretagne, malgré une amélioration (-52 jours vs 2019), il faut patienter 65 jours pour un rendez-vous. L’Ile-de-France reste sur le podium avec 7 jours de délai, suivi de la région Paca (12 jours).
Les délais baissent, quelle que soit la taille des agglomérations et particulièrement dans les villes de plus de 20 000 à 100 000 habitants. Dans les communes rurales et urbaines de moins de 20 000 habitants, le délai médian reste important : 52 jours en scénario 1 et 6 jours en scénario 2. Dans les dix plus grandes villes de France, l’amélioration est également présente, avec cependant de fortes disparités : mieux vaut habiter à Marseille (4 et 3 jours en scenario 1 et 2), qu’à Nantes (56 et 14 jours)
Les propositions du Snof
Le Dr Vincent Dedes déclare : « Le plus difficile en termes de démographie médicale est désormais derrière nous : aujourd'hui, nous constatons que le nombre d’installations a dépassé celui des départs à la retraite, ce qui est encourageant pour l'avenir. Nous appelons désormais les pouvoirs publics à légiférer en faveur d’une meilleure lisibilité du parcours de soins visuels et à soutenir le développement du travail aidé en clarifiant le rôle de chaque acteur (orthoptiste, opticien, infirmier assistant médical…) dans la limite de leurs compétences. »
Outre l’amplification du travail aidé et de la lisibilité des rôles en fonction des compétences de chacun, le Snof appelle à développer les sites multiples pour un meilleur maillage territorial notamment dans les territoires en difficulté, en y associant la télémédecine et les orthoptistes. Il entend également continuer à lutter contre les fraudes des centres de santé et légiférer en faveur d’un cadrage renforcé de la téléexpertise pour éviter toutes dérives ou abus.
*Étude de l’institut CSA pour le SNOF – 2024), analyse par le Dr Joy Raynaud, géographe spécialiste de l’accès aux soins.