A l’instar de l’industrie pharmaceutique, l’économie moderne a spécialisé l’industrie de certains pays et certaines régions pour de bonnes raisons historiques et structurelles. Malgré tout, cet état de fait n’est pas immuable. Ainsi, l’industrie horlogère, dont le salon genevois vient de fermer ses portes, a connu un incroyable renouveau, suite à la crise du quartz asiatique, pour regagner ses montagnes suisses, françaises et allemandes d’origine. Par ailleurs, ce nouvel élan commercial a été rendu possible grâce à l’engouement sans précédent de millions d’asiatiques à la recherche de l’excellence traditionnelle et des innovations horlogères.
Un retour possible…
Aujourd’hui, avec l’attractivité des produits made in France et Origine France Garantie, il serait possible d’imaginer un retour industriel sur les terres d’origine de l’optique. Alors que le gouvernement fait la chasse aux opticiens qui manquent de dynamisme à promouvoir le 100 % santé, qui implique des productions low-cost venues d’Asie, et que le recyclage commence à s’organiser dans la filière, il est essentiel de faire la promotion de la France, de l’Italie, de l’Allemagne, du Danemark…comme nations tenantes légitimes du savoir-faire lunetier. Cela ne peut se faire que grâce à différents facteurs qui ont pu être observés dans le cas de l’horlogerie suisse :
- La volonté très particulière du grand et visionnaire chef d’entreprise Nicolas G. Hayek.
- La mise en valeur des techniques horlogères complexes, à des niveaux jamais atteints, justifiant des valeurs ajoutées et un haut niveau de qualité.
- Une distribution beaucoup plus qualitative dans des boutiques d’horlogerie métamorphosées avec la mise en valeur de l’artisanat, des marques et de leur histoire.
- Un portefeuille de marques permettant de couvrir des cibles variées et des niveaux de prix pour le plus grand nombre.
- L’investissement dans la formation de professionnels.
- L’absence de l’intervention des assureurs dans les choix des consommateurs.
- Un leader qui offre au reste des industriels ayant pu résister durant les années quartz des opportunités de renouveau.
Si nous regardons du côté de l’optique-lunetterie européenne, nous remarquons que les leaders mondiaux sont originaires de France et d’Italie. Avec des stratégies gagnantes, ces acteurs ont su conquérir le monde et se montrer dominants sur de nombreux marchés sans jamais provoquer la baisse des prix mais, au contraire, en optimisant les coûts de production.
Même un industriel asiatique a choisi de localiser une partie de sa production en France anticipant ce goût pour les produits locaux et afin de profiter des qualités et du savoirfaire du personnel français.
Des freins qui subsistent
Les bas coûts sont impérieux pour le 100 % santé qui ne laisse pas de marge pour la mise en valeur des produits et services innovants et de qualité. Pourtant, ceux-ci seraient facilement absorbés par des prix plus élevés mais justifiés par une qualité optimale.
De même que l’industrie automobile européenne souffre d’un changement technologique tourné vers l’électricité qui lui est défavorable, nous démontrant qu’il faut anticiper plutôt que de subir, ne gâchons pas toutes les opportunités dont nous disposons.
N’hésitons pas à mettre en valeur les innovations et les belles histoires de nos fournisseurs historiques, en attendant le renouveau industriel de l’optique sur ses terres de naissance, porté par la clairvoyance des consommateurs.
Mieux vaut préférer le modèle horloger qu’automobile.