Un nouvel implant redonne espoir aux patients atteints de DMLA

Le 21 Octobre 2025

Les résultats d’un essai clinique impliquant l’Inserm, Sorbonne Université et le CNRS – via l’Institut de la vision –, l’Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild et l’Hôpital national des 15-20 viennent d'être publiés dans la revue New England journal of medicine. Ils montrent que Prima, un système de neurostimulation a restauré partiellement la vue chez plus de 80 % des participants atteints de DMLA.

Image par Alexander Grey de Pixabay

A l'heure actuelle, aucun traitement n'est disponible pour les personnes atteintes de la forme atrophique de la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge). C'est pourquoi cette innovation représente un immense espoir pour les malades.

L'équipe internationale associant l’Institut de la vision (Inserm/CNRS/Sorbonne Université), la fondation Adolphe de Rothschild, l’Hôpital national des 15-20, l’université Stanford et la société Science Corporation, a développé un système de neurostimulation destiné à restaurer la vision chez les personnes atteintes de la forme atrophique de la DMLA. Ce dispositif a déjà été testé chez l’animal et une première étude clinique réalisée à l’Hôpital Fondation Rothschild et aux 15-20, incluant cinq patients avait validé la possibilité de l’utiliser chez l’humain. Cette fois, les résultats publiés dans New England journal of medicine démontrent l’efficacité et la sécurité du dispositif sur un effectif plus important et sur plusieurs sites européens.

Comment ça marche ?

Le système Prima, conçu par Daniel Palanker à Stanford, court-circuite les cellules photoréceptrices mortes en transformant, au niveau de la rétine résiduelle, la lumière en signaux électriques communiqués au cerveau. Il se compose d’un implant sous-rétinien, qui remplace les cellules photoréceptrices mortes, et d’une paire de lunettes à réalité augmentée.

Concrètement, les lunettes sont équipées d’une caméra miniature qui capte les images environnantes et transmet le flux vidéo à un ordinateur de poche. Les images sont alors transformées par un algorithme qui peut les grossir jusqu’à douze fois et augmenter le contraste et la luminosité. Ce flux vidéo est converti en faisceaux de rayons infrarouges, projetés en temps réel sur l'implant sous-rétinien. Celui-ci excite alors les cellules nerveuses voisines pour envoyer un message au cerveau.

Cet implant se présente sous forme d’une micro-puce photovoltaïque de 2 mm x 2 mm et de 30 microns d’épaisseur, comprenant 378 électrodes. Il fonctionne sans fil : c’est l’énergie apportée par le faisceau infrarouge qui active les électrodes individuellement.

La nouvelle étude clinique a inclus 38 patients atteints de forme atrophique de DMLA, recrutés dans 17 centres dans cinq pays européens, dont plusieurs sites français. Ils étaient âgés en moyenne de 78,9 ans et présentaient une vision très altérée (score logMAR ≥ 1,2 pour au moins un des deux yeux, soit la quasi-impossibilité de lire les lettres affichées).

Les résultats

Ces participants ont tous bénéficié de l’implant rétinien et leur vision a été évaluée six puis douze mois après l’opération. Au total, 32 personnes ont achevé l’étude. Après un an, 81 % d'entre elels ont pu lire au moins 10 lettres supplémentaires dans le tableau de vision quand elles portaient les lunettes Prima par rapport à leur vision naturelle, et sans que la vision périphérique s’en trouve modifiée. Et 78 % ont eu lu au moins 15 lettres de plus avec les lunettes. Le bénéfice maximal a été atteint par un patient qui a lu 59 lettres de plus. À un an, 84,4 % des participants ont déclaré pouvoir lire chez eux des lettres, des chiffres et des mots.

Cet essai était également destiné à évaluer les effets indésirables induits par ce dispositif et son implantation. Au total, 26 événements graves ont été observés chez 19 participants mais ils avaient tous été anticipés dans l’analyse des risques. La grande majorité des cas est survenue au cours des deux premiers mois et 95 % ont été résolus rapidement, spontanément ou par une intervention médicale. La tolérance a été considérée comme bonne. Un suivi supplémentaire est prévu jusqu’à 36 mois.

Le bénéfice s’est révélé bien supérieur aux effets indésirables/ Jusque-là, d’autres types d’implants sous-rétiniens avaient été développés, apportant un bénéfice bien moindre. C’est la première fois qu’un système permet à des patients ayant perdu la vision centrale de se remettre à lire des mots, voire des phrases, tout en préservant la vision périphérique. 

conclut José-Alain Sahel, auteur senior de cet article et chercheur international affilié à l’Inserm, l’Institut de la vision (CNRS/Inserm/Sorbonne Université), l’Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild ; l’Hôpital national des 15-20 ; Sorbonne Université, Paris ; et l’University of Pittsburgh School of Medicine, Pittsburgh aux USA.